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L’élément nouveau de l’année 2022 : le retour de l’inflation

Publié le 02 novembre 2022

Auteur

Thibaut Cossenet

Directeur de l’offre épargne et patrimoniale

37 ans !

+ 5,6 % estimés par l’INSEE à fin septembre 2022 : il faut remonter à juin 1985 pour retrouver une inflation aussi élevée en France.

Cette flambée inflationniste n’est pas spécifique à la France, elle s’élève en effet à + 10 % en zone euro et à + 8,3 % aux États-Unis.

Les causes de cette flambée des prix sont multiples. Certaines sont conjoncturelles (rebond économique post-Covid, guerre en Ukraine…) et devraient vraisemblablement s’estomper progressivement. D’autres sont, en revanche, probablement plus durables (raréfaction des ressources, transitions énergétiques, « démondialisation »…) et pourraient ainsi créer un terreau favorable à une inflation durablement plus élevée que celle que nous avons connue au cours des 30 dernières années.

Les conséquences économiques de cette forte inflation sont également multiples : changement radical de politique monétaire des Banques centrales, remontée des taux, inquiétudes sur l’immobilier, ralentissement de la croissance économique.

L’impact le plus important pour l’épargnant est que, désormais, la plupart des stratégies d’épargne traditionnelle sont rémunérées à un taux réel négatif, c’est-à-dire que le rendement de cette épargne ne compense pas la hausse des prix, ceci conduisant à une perte de pouvoir d’achat.

Inflation, érosion monétaire, taux réel :
que reste-t-il de votre épargne de précaution ?

Qu’est-ce que l’inflation ?

Selon l’INSEE, l’inflation est « la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix ».
Une bonne définition de l’inflation peut se résumer ainsi : « L’inflation, c’est quand on est riche mais que l’on ne peut plus se payer ce que l’on pouvait s’acheter lorsque l’on était pauvre. »

Qu’est-ce que l’érosion monétaire ?

On parle d’érosion monétaire lorsque la prise de valeur de l’épargne ne compense pas la hausse des prix liée à l’inflation. À titre d’exemple, un placement rémunéré à 1 % face à une inflation à 6 % entraîne une perte de pouvoir d’achat de l’épargne de 5 %.
Il est donc essentiel de considérer les stratégies d’épargne non plus en taux de rendement absolu mais en TAUX DE RENDEMENT RÉEL, c’est-à-dire net d’inflation.

TAUX RÉEL = RENDEMENT DE L’ÉPARGNE – INFLATION

Au cours des 30 dernières années, l’inflation en France a été en moyenne de 1,43 % (1). Ce chiffre ne constituait pas un obstacle à la valorisation réelle (nette d’inflation) de l’épargne des Français. La situation tend à changer radicalement avec la très forte hausse des prix que nous connaissons en 2022, situation qui pourrait perdurer.

Quel impact sur l’épargne des Français ?

Lorsque l’on étudie la structure de patrimoine des ménages français, on remarque que plus de
3 500 milliards d’euros d’épargne prudente sont actuellement rémunérés à un taux réel négatif (2) (3). Cette épargne « prudente » a d’ailleurs fortement augmenté au cours des deux dernières années sous l’effet de ce que l’on appelle « l’épargne COVID ».

(1) Données INSEE au 31/12/n entre 1992 et 2021. (2) Dépôts, livrets et fonds en euros. (3) Données au 31/12/2021 source INSEE – Banque de France.

PRENONS UN EXEMPLE CONCRET

Soit un couple ayant deux enfants. Leur épargne prudente se décompose ainsi :
quatre livrets A saturés : 4 x 22 950 €
liquidités sur compte courant : 15 000 €
fonds en euros des contrats d’assurance-vie : 50 000 €

La perte de pouvoir d’achat pour ce foyer sur leur épargne prudente va se chiffrer en 2022 à près de 8 000 € (1).

Quels raisonnements tenir face à cette situation ?

Rappelons qu’une opération d’épargne est une alternative à une consommation immédiate. Face à ce principe, il faut impérativement bâtir des stratégies d’épargne permettant a minima de préserver le pouvoir d’achat des sommes placées, faute de quoi ces investissements n’auront pas été pertinents. Ceci est d’autant plus important lorsque l’on se situe dans des besoins d’épargne de moyen et long termes (retraite ou transmission).

L’impact de l’inflation sur les stratégies d’épargne de long terme est illustré ici :

À 10 ans, un taux réel de - 2 %/an vient amputer le pouvoir d’achat de l’épargne de près de 18 %. À 20 ans, un taux réel de - 3 %/an vient amputer le pouvoir d’achat de l’épargne de près de 45 %
Difficile, dans ce contexte, de concilier les besoins d’épargne de long terme (revenus complémentaires à la retraite, épargne dépendance, transmission de patrimoine aux enfants et/ou aux petits-enfants) avec les solutions traditionnelles, comme le support en euros des contrats d’assurance-vie, de capitalisation ou de retraite. Et cela d’autant plus que le risque d’une inflation durablement élevée n’est pas à exclure.

(1) Hypothèses : rémunération des dépôts et liquidités 0 % / de l’épargne 1 % net / inflation : 5,8 %.

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