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La reprise : une envie d’évasion
Publié le 23 décembre 2020
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A l’approche de la fin de l’année, et à l’heure d’un premier – et partiel – bilan, nous ne voulons pas manquer de souligner les capacités de résistance, d’agilité et d’adaptation dont nos sociétés ont su faire preuve.
L’annonce de l’arrivée prochaine, et en masse, de nouveaux vaccins a suscité un formidable espoir, et donné des « ailes » à certains secteurs jusque-là particulièrement malmenés.
Le tourisme qui – en y englobant le transport aérien – était déjà accusé de pollution et d’acculturation des populations, a été montré du doigt comme propagateur de la pandémie. Pourtant, dès l’annonce de la réouverture des frontières, nous l’avons vu, le secteur a retrouvé de son attrait sur les marchés. Son poids économique est central pour certains pays – en Thaïlande, il s’élève à 22 % du PIB – sans qu’il soit possible de substituer un tourisme local aux arrivées internationales. Pour autant, rien ne sera tout à fait comme avant. Les pertes induites par la crise ne seront pas partout rattrapées. Le secteur doit encore se réinventer pour concilier au mieux les aspirations au voyage du plus grand nombre, la stabilité économique de nombreux secteurs et pays de destination, et la nécessaire prise en compte de la réduction de son empreinte environnementale. Heureusement, les perspectives de concentration et de redéploiement se dessinent déjà sur certains segments de cette industrie.


D’autres secteurs d’activité sont, au contraire, en pointe :
- la logistique, que les marchés ont fêtée comme il se doit,
- et bien évidemment les avancées des laboratoires médicaux lancés dans les recherches autour des ARN messagers.
Cette accélération a fait naître de nouveaux espoirs, notamment dans le domaine de la lutte contre le cancer.

La banque et l’assurance sont en pleine accélération de transformation digitale grâce aux nouvelles modalités de travail et d’organisation, se traduisant dans la rapidité d’adoption de nouvelles technologies par les générations des X et baby-boomers notamment. Le redéploiement des chaînes de valeur fera apparaître de nouveaux champions industriels.
Le progrès du secteur de l’agroalimentaire reste à suivre suite à la crainte des aléas climatiques, la maîtrise de ses sources d’approvisionnement et de l’exigence de traçabilité.
A contrario, on a pu constater que le confinement de l’automne avait été un peu moins porteur pour les valeurs des GAFAM et leurs galaxies. L’envie de convivialité, la résistance au télétravail, mais aussi la perspective d’une plus grande sévérité en matière de réglementation de leurs activités, et même de nouvelles fiscalités, ont pesé sur les cours. La plupart de ces grands groupes n’ont pas pour autant perdu leur statut de « Blue Chips », et il faut les considérer comme tels. Néanmoins, une concurrence accrue comme ces redéploiements forcés pourraient bien faire émerger de nouveaux champions dans leur sillage.
L’histoire de la bourse nous apprend comment les temps difficiles sont aussi ceux qui font émerger de nouveaux potentiels, qui ne demandent qu’à être reconnus.

L’année qui s’ouvre reste marquée du sceau de lourdes incertitudes, qui sont comme autant de menaces. La pandémie n’a pas dit son dernier mot, les enjeux de la reprise et l’ampleur des dégâts laissés par la crise sont encore à évaluer. Les tensions commerciales et stratégiques demeurent.
En servant de révélateur à certaines de nos forces comme de nos faiblesses, la crise pandémique s’analyse autant dans ses ruptures que les continuités qu’elle a contribué à mettre en évidence.
Même si nous devions en venir à bout d’ici quelques mois, la reprise qui s’annonce ne sera pas tout à fait un « retour à la normale », si celui-ci signifie le retour à « l’état d’avant ».
Bonnes fêtes de fin d’année.