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Du rebond en « aile d’oiseau » à une reprise en « K »

Publié le 22 octobre 2020

Auteur

Valérie Plagnol

Économiste, ancienne membre du Haut Conseil des Finances Publiques

Avec l’automne, est arrivée une deuxième vague d’infections qui touche particulièrement l’Europe. Du fait de l’augmentation du nombre de tests, la reprise des activités et la mesure de la gravité du phénomène restent difficile à apprécier et l’on sent une certaine lassitude dans les opinions.

La pandémie a été l’occasion de recourir à des outils de mesure en temps réel de l’activité. Réconcilier les modèles statistiques traditionnels avec le big data reste un défi encore complexe.

Sur le plan économique, les réunions d’automne du FMI et de la Banque Mondiale sont l’occasion de la publication de leurs prévisions semestrielles. Celles-ci témoignent du risque languissant sur l’activité économique, alors que l’encours des dettes publiques augmente globalement.

A la veille des élections présidentielles américaines, nous prenons le temps de faire le point sur l’état de l’économie du pays.

La reprise en « aile d’oiseau » se confirme pour la plupart des économies. En effet, une fois le confinement levé, le rebond de l’été a bien été à la mesure du creux précédent. Cependant, et comme le montrent les graphiques de l’OCDE ci-dessous, il est resté incomplet du fait de l’absence de retour à la normale dans certaines activités.

Le rapport semestriel du Fonds Monétaire International (FMI), paru mi-octobre, dresse un tableau encore assez sombre de la situation économique du moment, confirmant le report des perspectives de redressement.

Globalement l’économie mondiale pourrait reculer de 4,4 % cette année, le commerce mondial étant en forte contraction, de 10,4 %. En 2021, le FMI prévoit une reprise de 5,2 % tandis que le commerce progresserait de près de 8 %.

Selon le Bureau International du Travail (BIT), l’arrêt de l’activité en début d’année équivaudrait à une perte de 400 millions d’emplois à temps plein dans le monde. Durant cette crise, du fait de leur présence importante dans les secteurs les plus impactés comme dans l’économie informelle, l’emploi des femmes a été particulièrement touché.

La mise en œuvre simultanée de politiques budgétaires et monétaires de soutien a permis de limiter l’impact de la crise sur les revenus des personnes. La question de l’ampleur et des modalités de la reprise reste néanmoins ouverte.

Les incertitudes quant au scenario de sortie et de dynamique de croissance

Les incertitudes quant au scenario de sortie et même de dynamique de croissance tiennent en plusieurs points :

Selon le FMI, les principales économies développées devraient connaître une croissance moyenne ralentie de 1,7 % dans les prochaines années.

Ceci tient essentiellement au vieillissement de la population et à sa faible croissance.

Comme le signale le graphique ci-dessous, la tendance de fond pour l’ensemble des économies du monde est celle d’un abaissement général des rythmes de croissance dans les années qui viennent. La crainte des prévisionnistes est que l’augmentation de faillites et une réduction durable du taux d’activité des personnes dans les secteurs en déshérence n’abaissent le taux de croissance potentielle global.