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Les marchés ont-ils tous la fièvre ?

Publié le 11 septembre 2020

Auteur

Valérie Plagnol

Économiste, ancienne membre du Haut Conseil des Finances Publiques

Après la phase de rattrapage, la poursuite du rebond de l’activité reste fragile et disparate. Globalement, le ralentissement du commerce mondial se fait encore sentir :

Pour lire la première partie de cet article, consultez : Cartographie de la rentrée : la crainte de l’essoufflement

Cependant, une fois passé le choc du début de la crise, les marchés boursiers semblent peu concernés et n’ont cessé de grimper.

Rapportée au début de 2019, la baisse de mars apparaît même comme un simple accident de parcours dans leur irrésistible progression.

Si l’on prend comme point de référence le début de l’année (graphique ci-après), le tableau est un peu plus contrasté.

Aussi, ne peut-on s’empêcher de se demander si ces hausses ne sont pas exagérées au regard de perspectives réelles de croissance.

La sagesse des marchés voulait que lorsque votre chauffeur de taxi commençait à vous parler de la bourse, c’était le signe indéniable qu’une bulle spéculative était en train de se former. L’investisseur avisé devait alors penser à se retirer.

Aujourd’hui, c’est du côté des nouvelles technologies et des réseaux sociaux qu’il faut rechercher les signes de cette fièvre. Aux Etats-Unis notamment, une génération de « boursicoteurs » suit toute une cohorte « d’influenceurs ». Souvent aussi peu instruits que leurs « followers », ces derniers attirent un public grandissant.

De même, les plateformes en ligne proposent leurs applications sur smartphone pour réaliser des transactions – à partir de quelques dollars seulement – au jour le jour et à coût très réduit, en concurrence directe avec les courtiers établis.

En France, durant le confinement, l’AMF a noté une nette augmentation des achats de particuliers en bourse, et recensé 150 000 nouveaux venus sur le marché.


Cet engouement, qui touche une nouvelle génération d’investisseurs, recèle probablement quelques excès et quelques illusions.

En général, les marchés suivent de très près le rebond des indicateurs de confiance.

Les surperformances des marchés américains et chinois relèvent par ailleurs de facteurs spécifiques :

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Est-ce le moment de parier sur l’euro ?

Le resserrement de l’écart des rendements entre Etats-Unis et Europe, la promesse du maintien des taux directeurs de la Réserve Fédérale au plus bas pour très longtemps, même si l’inflation devait ponctuellement revenir à 2 %, les incertitudes (voire inquiétudes) des marchés avant la présidentielle de novembre (nous y reviendrons dans notre prochain édito), contribuent également à faire reculer le dollar depuis quelques mois.

L’euro a ainsi gagné près de 10 centimes contre lui, frôlant le seuil des 1,20 USD.

Cette tendance pourrait se poursuivre alors que les Etats-Unis sont entrés dans une période électorale qui s’annonce agitée et compliquée par les modalités-mêmes de tenue du scrutin dans le contexte de la pandémie.

Une poursuite de la hausse de l’euro pourrait à nouveau rebattre les cartes au sein de la cote, au gré de la sensibilité des sociétés à l’évolution de la devise.

Les atouts bien réels de la rentrée

Résurgences des infections, tassement des indices, baisse de l’inflation, tensions internationales…. La rentrée européenne s’annonce donc difficile. Pourtant les raisons de rester positif ne manquent pas.

Les grandes lignes des programmes se centrent sur la reconquête industrielle, l’investissement dans les nouvelles technologies et le développement de ses propres outils et standards face à ceux des grandes puissances.

La prise en compte et l’encouragement à investir dans ces secteurs et à privilégier les placements responsables pourraient offrir les meilleures opportunités d’investissement.