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Coup de fouet en retour : une reprise inégale et incomplète

Publié le 10 mars 2021

Auteur

Valérie Plagnol

Économiste, ancienne membre du Haut Conseil des Finances Publiques

Les indicateurs d’activité les plus récents (graphiques ci-dessous) continuent de signaler le décalage entre les différentes régions du monde :

Divergences sanitaires

Ces décalages s’expliquent en premier lieu par la combinaison des facteurs suivants : l’ampleur des contaminations – qui détermine le degré d’ouverture ou de restriction des activités – et de manière concomitante, l’avancement des vaccinations dans les pays concernés. De ce point de vue, les limitations encore importantes au Japon comme en Europe – où sévissent encore des mesures de confinement – pèsent sur l’activité et reportent la reprise.

Différences de soutien

A ces circonstances s’ajoutent les divergences dans l’importance des mesures de soutien budgétaire qui ont été effectivement déployées depuis le début de la pandémie, et qui dans certains cas se poursuivent en 2021 :

Ces développements accentuent encore les divergences entre pays, mais également à l’intérieur même des économies. Comme le souligne le Fonds Monétaire International dans une étude récente[1], la crise de la Covid-19 a entrainé une baisse générale de la richesse par habitantPar ailleurs, si les économies avancées ont déployé des mesures budgétaires et fiscales considérables, les économies émergentes et les pays à bas revenus ont mobilisé des ressources bien moindres. De tels écarts se répercutent sur l’évolution de l’emploi, plus durement touché dans les pays fortement dépendants du tourisme et aux systèmes sociaux défaillants. Ainsi, le FMI s’attend désormais à voir 52 pays émergents réduire leur écart avec les économies développées d’ici 2022, alors qu’il en espérait 110 avant la crise.

[1] IMF blog « The great Divergence: a fork in the road for the global economy » https://blogs.imf.org/2021/02/24/the-great-divergence-a-fork-in-the-road-for-the-global-economy/

Ecarts sociaux

Le constat est par ailleurs le même à l’intérieur de tous les pays. Les écarts de revenus se sont creusés entre les plus aisés et les plus précaires, ces derniers ayant été plus particulièrement touchés par la crise (concentration de la crise sur les métiers de service, peu qualifiés, perte d’emploi et de revenus, moindre accès aux aides aux soins et aux vaccins). Alors que les statistiques montrent une augmentation significative de l’épargne, concentrée sur les revenus les plus élevés, de tels écarts font renaître les revendications de taxation et de redistribution des surplus d’épargne accumulés.

On note cependant le même redressement de l’activité dans les pays émergents, grâce à la reprise du commerce mondial et la hausse de la demande de matières premières (graphique ci-dessous).