Économiste, ancienne membre du Haut Conseil des Finances Publiques
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Comment ignorer cette évidence : le temps des « grandes vacances » est loin d’être celui de la trêve universelle. Ce fut pourtant souvent le cas par le passé. Sur les marchés, la faiblesse des volumes traités durant cette période particulièrement creuse tend à amplifier l’impact des évènements sur les mouvements de marchés, d’autant que l’apathie générale les a rendus moins prévisibles, parce que moins suivis et analysés. Alors que nous célébrons les 50 ans de la suspension de la convertibilité du dollar à l’or, annoncée le 15 août 1971 par le Président Nixon, le contexte géostratégique actuel, donne à cet évènement une résonance toute particulière.
Disons-le, les évènements de l’été, aussi dramatiques soient-ils, n’ont guère eu de prise sur les marchés financiers, ceux-ci restant plus attentifs à la conjoncture économique globale, comme aux signaux venus des Banques centrales.
De ce point de vue, ils restent soutenus par la confirmation de la reprise de l’activité, tandis que les principales Banques centrales du monde se montrent attentistes.
La reprise prend de la vigueur, notamment dans les régions sorties du confinement, et où les niveaux de vaccination ont limité les hospitalisations, alors que le variant Delta gagne du terrain (et devient même dominant chez nous).
Sur le plan conjoncturel, l’économie française a connu un net rebond dès le deuxième trimestrede cette année, une progression de l’activité qui devrait se confirmer au deuxième semestre. La Banque de France a ainsi pu relever ses prévisions de croissance à 6,3 % pour 2021. Ceci a permis au gouvernement d’annoncer la fin du « quoi qu’il en coûte », pour l’instauration de mesures plus ciblées.Cependant, la détérioration des comptes publics et de la dette – même allégée par les résultats économiques – continue de peser sur le bilan de l’État. Ceci d’autant plus que les comptes extérieurs de la France se sont nettement détériorés en 2020. Ainsi a été relancé le débat sur la réforme des retraites, sans que l’on puisse encore conclure qu’elle aura bien lieu d’ici les élections présidentielles. Au centre du débat se trouve la question de la reprise de l’allongement de l’activité des Français, comme remède au rééquilibrage de long terme de notre position économique et budgétaire.
La poussée inflationniste générale produite par la hausse brutale de la demande face à une offre contrainte(matières premières et énergie, chaînes de production et logistique) continue d’êtretraitée par les Banques centrales comme temporaire. La Réserve Fédérale des États-Unis, qui faisait sa rentrée lors du symposium de Jackson Hole, ne manifeste aucune urgence à la normalisation monétaire. Il en a été de même du côté de la BCE, qui entend ralentir son programme d’achats d’actifs, mais pas l’interrompre – à court terme en tout cas.
Une rentrée à quatre vitesses
Vu d’ici et sur le plan économique, la rentrée s’annonce plutôt satisfaisante. Un certain optimisme domine, reflété par les indicateurs de confiance et d’activité parus au cours de l’été. La reprise reste néanmoins inégale, toujours fonction de la capacité de résistance des pays au virus d’une part, et des moyens et soutiens financiers que les États ont pu mobiliser pour faire face à la crise d’autre part. Certains secteurs – tourisme, transport aérien – sont encore en net retrait par rapport au niveau de 2019. Sur le front de la pandémie, la Covid-19 et son cortège de variants occupent toujours les esprits et nous affectent dans nos vies quotidiennes, bien qu’à des degrés divers. Cependant, les régions où le taux de vaccination est le plus élevé semblent bien avoir le mieux « résisté » aux nouvelles vagues, limitant le nombre d’hospitalisations graves et donc la mortalité.
Comme le montre le graphique de l’Université d’Oxford ci-dessous, on peut distinguer quatre groupes principaux de pays :
L’Europe, l’Amérique du Nord et Israël
où le taux de vaccination complète est proche ou dépasse les 60 %. La France métropolitaine fait partie de ce groupe (avec un taux de 56,7 % au 25 août), dominé par le Danemark où plus de 70 % de la population est d’ores et déjà vaccinée ; L’Allemagne et l’Italie dépassent les 58 %, l’Espagne compte plus de 69 % de vaccinés. Aux Etats-Unis, la couverture vaccinale varie considérablement d’un Etat à l’autre, ce qui semble expliquer la propagation marquée du variant Delta. Plus de 70 % des habitants de la capitale fédérale et plus de 60 % des habitants de la Côte Est sont déjà vaccinés. En revanche, moins de 40 % des habitants du Mississipi, de la Louisiane ou de l’Alabama le sont. La saison des typhons pourrait aggraver la situation pour certaines régions.
Les économies avancées qui ont appliqué des politiques dites du « zéro Covid » et de confinements
Les économies avancées qui ont appliqué des politiques dites du « zéro Covid » et de confinements (Australie, Japon, Corée du Sud entre autres), et qui avaient tardé à lancer les campagnes de vaccination, sont désormais en phase de rattrapage accéléré. Cependant, les niveaux atteints restent encore insuffisants. Ainsi la région de Melbourne connaît son 6ème confinement. La Chine a connu une résurgence de cas de Covid-19, mettant en place des mesures drastiques d’isolement et de confinement, tout en accélérant ses campagnes de vaccination. Les activités portuaires et industrielles en ont souffert au cours de l’été, ce qui s’est répercuté sur les chaînes logistiques du monde.
Les pays fortement touchés par les premières vagues
Brésil, Colombie – le taux de vaccinations progresse désormais assez vite. En Inde et en Afrique du Sud, la vaccination augmente également, mais les seuils atteints restent encore largement insuffisants.
Les économies les plus pauvres
restent encore loin de la vaccination, alors qu’il semble quasiment impossible d’établir un bilan fiable des contaminations ou des décès liés à la pandémie. C’est en direction de ce groupe de pays que les programmes Covax devraient accélérer les distributions de doses désormais largement disponibles, pour une augmentation significative de la couverture vaccinale d’ici la fin de l’année.
Les secteurs égaux devant l’inégalité
Dans les économies avancées, les indicateurs économiques signalent tous la reprise de l’activité. La fin des confinements a bien permis un sursaut d’activité, portant même certains secteurs à des niveaux supérieurs à ceux de 2019.
Comme le montre le graphique ci-contre, les prévisions de rebond de l’activité globale, tirée par le commerce mondial, se confirment pour cette année et l’an prochain.
On note néanmoins des différences de rythme que reflètent les indicateurs de confiance – dans le secteur manufacturier ils se tassent un peu partout :
Les tensions sur les chaînes de productions continuent de se faire sentir.
A cela s’ajoute la fermeture temporaire de certains ports en Chine (celui de Yantian au large de Shenzhen a été fermé durant 15 jours. Plus de 10 % des exportations chinoises y transitent), pour cause de pandémie, d’importantes inondations dans le centre du pays, ce qui a contribué à désorganiser la production et retarder le fret.
Ces tensions persistantes, restent la préoccupation majeure des producteurs mais également des Banques centrales. La Réserve fédérale, pour sa part, s’en tient au scénario du caractère temporaire de ces pressions.
Le tassement de ces indicateurs reste à relativiser car ils continuent à signaler l’expansion de l’activité manufacturière dans les principales zones économiques du monde.
De plus, il est compensé par le regain d’activité dans les services, particulièrement prégnant dans les zones où la levée des confinements a été la plus marquée.
Ainsi, comme nous avons pu le constater de visu, la tenue à huis clos des JO 2020 a pesé sur l’activité du Japon, qui a connu une reprise de la propagation du variant Delta (graphique ci-contre), tandis que l’été a vu le retour des touristes en Europe.
C’est dès le printemps que la reprise s’amorce en France. Une belle surprise, malgré le confinement qui était encore en vigueur. Le PIB rebondit dès le deuxième trimestre, dépassant même les prévisions (+0,9 % par rapport au premier trimestre, soit un bond de 18,7 % par rapport au deuxième trimestre 2020 !). Les restrictions sanitaires d’avril/mai ont moins pesé que prévu sur l’activité générale. Les bases de comparaison annuelle sont néanmoins trompeuses, car se rapportant au trimestre du confinement le plus strict de l’année passée. Elles ne nous donnent pas moins la mesure de l’ampleur du rebond de l’activité et l’on s’attend à une nouvelle accélération au troisième et a quatrième trimestre. Ainsi, la Banque de France table désormais sur une croissance de 6,3 % cette année, après la contraction exceptionnelle de 8 % en 2020.
Du côté des États-Unis, la Réserve fédérale donne le tempo. Lors de la Réunion de Jackson Hole, Jérôme Powell, le Président de la Réserve fédérale des États-Unis, n’a pas démenti les « largesses » des banques centrales qui continuent leurs programmes d’achats d’actifs. Les marchés boursiers européens et américains comptent là-dessus et continent de performer, affichant presque partout des performances à deux chiffres depuis le début de l’année.
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