D’une part
La vigueur de la poussée de la demande entraîne des pressions inflationnistes du fait de l’afflux de monnaie et le manque de capacités de production supplémentaires,
Actualités Le Conservateur
Publié le 20 octobre 2021
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La crise de la pandémie de la Covid-19, qui s’est traduite par une « mise sous cloche » des économies, a été le terrain privilégié et « grandeur nature » de la théorie du multiplicateur keynésien. En effet, face à la défaillance du secteur privé (en l’occurrence empêché par des fermetures administratives), l’intervention des Etats et les politiques de soutien aux entreprises et aux ménages, ont permis de contenir les faillites et de limiter la hausse du chômage.
Pari réussi : en France, par exemple, le taux de faillites s’est même effondré (voir graphique ci-dessous), tandis que les ménages ont globalement vu leurs revenus préservés (grâce aux mesures de chômage partiel entre autres), accumulant même un surplus d’épargne (estimé à plus de 150 milliards d’euros), qu’ils ne pouvaient immédiatement dépenser.
Ainsi, la hausse du déficit public a soutenu la demande
La mécanique du « multiplicateur keynésien », théorisée par l’économiste Britannique J.M Keynes – et partiellement appliquée au cours de la grande dépression – fut répliquée au cours des années 60, jusqu’à sa disqualification au tournant des années 70, lorsque s’installe une période de stagflation.
Sommes-nous à l’aube de revivre – sur une séquence de temps particulièrement courte – le même scénario ?
Plusieurs constats s’imposent :
De leur côté, la poussée de croissance aux Etats-Unis comme en Europe a permis de combler formidablement rapidement le « gap » ouvert par la récession de 2020, au point que nos pays auront retrouvé le niveau d’activité de 2019 dès la fin de cette année.
Cependant, la demande supplémentaire de biens manufacturés mobilise des chaînes de production et de logistique de plus en plus complexes et qui ne peuvent répondre immédiatement à ce surcroît de commandes (semi-conducteurs, jouets etc..). D’autant que certaines régions productrices sont encore fragilisées par les assauts de la pandémie (le Vietnam par exemple pour le textile). La baisse du chômage a également révélé des tensions sur le marché du travail, dans l’industrie comme dans les services, certains secteurs proposant des hausses des salaires pour attirer une main d’œuvre plus rare.
La mécanique keynésienne, appliquée à nos économies, rencontre ainsi rapidement une double limite, qui avait d’ailleurs déjà fait l’objet d’importantes critiques en son temps :
La vigueur de la poussée de la demande entraîne des pressions inflationnistes du fait de l’afflux de monnaie et le manque de capacités de production supplémentaires,
L’accumulation des déficits publics tend à persister.
Cette observation se vérifie tout particulièrement en économie. Il n’en apparaît pas moins d’inquiétantes similitudes, qui sous-tendent la nervosité récente des marchés. Il ne fait pas de doute que la croissance actuelle va progressivement s’essouffler. C’est d’ailleurs ce que constate et prévoit le Fonds Monétaire International dans sa livraison d’octobre. La question se porte alors sur la maîtrise du rythme du ralentissement d’une part, et d’autre part, sur la préservation de la convergence des économies émergentes et développées ainsi que la poursuite de la transition énergétique et la biodiversité.
Dans son rapport d’octobre, le FMI (Fonds Monétaire International) a revu son estimation pour la croissance mondiale de 6 % à 5,9 % pour cette année, et 4,9 % en 2022. Si cette modification peut paraître anecdotique, elle n’en révèle pas moins la prise en compte des tensions et goulots d’étranglements apparus sur les chaînes de production et de distribution, qui limitent désormais la croissance des zones économiques en forte reprise. Par ailleurs, les pays émergents, qui, pour la plupart manquent de vaccins et sont exposés pour les plus vulnérables aux hausses des prix des matières premières alimentaires et de l’énergie, menacent de manquer le train de la reprise. Seuls les pays producteurs profitent désormais de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie qui ne suffit pas à compenser ces revers. Après une contraction de 6,3 % de son PIB, la zone euro devrait connaître une nette reprise à +5 % cette année (revue en hausse par rapport aux prévisions de juillet) et encore 4,3 % l’an prochain (prévision inchangée). C’est nettement au-dessus de son potentiel, ce qui augure de la poursuite de la remontée des prix, même si l’on ne s’attend pas à une accélération supplémentaire par rapport à cette année. La reprise en France est de nouveau revue à la hausse à +6,3 % cette année (en ligne avec la prévision de la Banque de France). Elle est en revanche revue à la baisse à +3,9 % pour 2022, ce qui témoigne néanmoins d’un rythme d’activité encore soutenu.
Par conséquent, le FMI en appelle au recalibrage des politiques monétaires et budgétaires. Pour ces dernières, le Fonds considère qu’il convient d’abandonner les mesures d’urgence au profit de la réduction des déficits – propre à ménager des marges de manœuvre aux Etats – et la réorientation des politiques publiques en direction de la santé et des efforts de moyen terme exigés par la transition climatique et digitale. Sur le front de la politique monétaire, le FMI semble en ligne avec l’analyse actuelle des Banques Centrales, qui considèrent les hausses récentes des prix comme transitoires, tout en appelant à plus de vigilance. Le risque d’un découplage, toujours plus marqué entre économies avancées et pays émergents, appelle à l’accélération des transferts et distribution des vaccins ainsi qu’à la mise en œuvre de politiques de soutien financier direct auprès des plus vulnérables. A ce jour, le FMI a engagé près de 200 milliards de dollars de fonds d’aides sous forme de droits de tirage spéciaux. L’enveloppe totale des transferts devrait atteindre 650 milliards de dollars.
La sensibilisation croissante aux engagements en matière d’investissements socialement et climatiquement responsables nous permet d’avancer quelques points d’attention qui seront au cœur des débats de la COP26 de Glasgow.
[1] Source Banque Mondiale mesure en parité de pouvoir d’achat, USD courants (2020)
Ces quelques principes peuvent permettre d’éclairer les objectifs et les critères essentiels à la constitution d’un portefeuille répondant aux exigences de contribution à l’effort de transition énergétique.
Pour la première fois depuis 2014, le prix du baril de Brent a dépassé le seuil des 80 $ en octobre. Plus spectaculaire encore, l’envolée des prix du gaz naturel ne semble plus avoir de limite. En conséquence, les prix de l’électricité, dont la part dans la demande mondiale d’énergie augmente sensiblement chaque année, sont en forte progression. A l’approche de l’hiver dans l’hémisphère nord, la crainte de pénuries pousse un peu plus les prix. La situation actuelle est le fruit de la conjonction de facteurs de court terme, tandis qu’elle révèle également l’ampleur des défis posés par la transition climatique.
Lire l'articleLa rentrée a vu l’hésitation grandissante des marchés face à l’apparition de tensions inflationnistes et de risques de disruptions persistants sur les chaînes de production et de logistique. De fait, la volatilité s’est accrue. L’indice VIX dit « de la peur », qui mesure la « nervosité » des investisseurs, a progressé, tandis que les marchés boursiers ont marqué le pas et que les rendements obligataires se sont tendus.