Aux Etats-Unis
De nombreux grands groupes ont dû faire face à des mouvements de revendications salariales.
Actualités Le Conservateur
Publié le 08 novembre 2021
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Cette année, la fête d’Halloween, dont la tradition est plus ou moins bien établie, marque pour beaucoup l’occasion de se retrouver et de s’amuser, après les confinements de 2020. On jouera à se faire peur, mais au fond ce sera pour mieux conjurer les angoisses pandémiques et célébrer son recul. Des masques de carnaval pour remplacer des masques sanitaires en quelque sorte !
Pourtant, sur le plan économique, les inquiétudes que nous avions évoquées lors de la précédente lettre, se matérialisent et les signaux d’un ralentissement de l’activité se confirment, alors même que l’inflation semble s’installer. D’un côté (Europe, Etats-Unis) la surchauffe menace, de l’autre (Chine) la récession semble frapper à la porte.
Un dilemme et un tiraillement pour les Banques Centrales qui peinent à « ramener la voilure », tandis que les gouvernants doivent faire la preuve de leur engagement dans la transition climatique.
Comme le montre le graphique ci-dessous, aux Etats-Unis comme en Europe, les indices des prix à la consommation s’envolent. Même au Japon, les prix progressent, tandis que le rebond chinois, lui, marque le pas.
Plus particulièrement en zone euro, l’indice des prix à la consommation dépasserait les 4 % l’an en octobre. Surpassant les tensions d’avant 2008, c’est en fait un seuil qui n’avait pas été atteint depuis la naissance de l’euro. Même la hausse des prix de l’énergie en 2012/2013 n’avait pas induit d’emballement durable des prix. Poussé par la demande finale, l’emballement spectaculaire des prix à la production (+13,4 % sur un an en août) tend à se propager dans les prix finaux hors alimentation et énergie – les composantes les plus volatiles de l’indice – qui progressent de 2,1 % en octobre, par rapport à l’année passée.
Comme nous l’avons déjà souligné, ces comparaisons restent difficiles à interpréter tant la base était faible (le printemps et l’été 2020 ayant connu une nette et temporaire déprime des prix). Cependant, quelques constats s’imposent : la hausse des prix de l’énergie et d’autres denrées quotidiennes, est immédiatement perçue par les ménages. En effet, la hausse des prix des carburants à la pompe comme celle du gaz pour se chauffer pèsent immédiatement sur le moral des ménages. Et les comparaisons statistiques n’y changent rien :
De même, selon le rapport de l’INSEE, le taux de pauvreté est resté stable en 2020 par rapport à l’année précédente, comme l’indice des inégalités du fait des « mesures exceptionnelles mises en place pour lutter contre les effets de la crise sanitaire, sans lesquelles ces indicateurs auraient augmenté ». Cependant, à 14,6 % de la population, celui-ci reste bien trop élevé, comme l’est le taux de chômage dit structurel, qui, en France, est de l’ordre de 7 à 7,5 %.
Ces réalités au jour le jour, les tensions sur le marché du travail, les menaces de pénuries de certains approvisionnements – critiques ou non d’ailleurs – poussent à de nouvelles revendications. Ainsi la grève est-elle réapparue dans le paysage socio-économique.
De nombreux grands groupes ont dû faire face à des mouvements de revendications salariales.
Les grandes négociations annuelles s’annoncent plus tendues et difficiles.
Certains secteurs affichent le manque de main d’œuvre et n’hésitent plus à offrir des conditions d’emploi (CDI) plus avantageuses. Le regain de vitalité des syndicats face aux pressions sur les pouvoirs d’achat se manifeste nettement et laisse présager de nouvelles hausses des salaires.
Comme le montre le graphique :
Ces tensions, encore fort limitées heureusement, ne sont pas moins la manifestation de l’inquiétude des marchés quant au risque de voir les Banques Centrales agir plus tôt que prévu, alors même que les Etats sont fortement endettés et leurs budgets en déficit.
Entreprises | T2 2021 | T1 2021 | T2 2019 |
Zone Euro | 144,9 % | 148,7 % | 137,7 % |
France | 201,5 % | 207,6 % | 183,6 % |
Ménages | T2 2021 | T1 2021 | T2 2019 |
Zone Euro | 61,2 % | 62,6 % | 57,5 % |
France | 67,2 % | 68,6 % | 60,9 % |
Au niveau de la zone euro prise dans son ensemble, la progression des dettes publiques est moins marquée que prévu. Grâce à la reprise, on note également un léger tassement de l’endettement des ménages et des entreprises. Cependant, les dettes accumulées depuis le début de la pandémie n’ont pas été résorbées. La situation semble particulièrement critique pour les entreprises non financières françaises, dont le taux d’endettement était largement supérieur à la moyenne européenne dès avant la crise de la pandémie
C’est dans ce contexte que la Banque Centrale européenne a tenu sa réunion d’octobre. Sans surprise, elle a laissé ses taux directeur inchangés et au plancher.
Cependant, on a noté une légère altération du discours de la Présidente Christine Lagarde, laissant les marchés penser qu’un resserrement monétaire – sous la forme d’un relèvement des taux directeurs – pourrait intervenir dès la fin de 2022 (c’est-à-dire presque un an avant ce qui était anticipé précédemment).
Ils y sont d’autant plus enclins que les mêmes mentions se font entendre du côté de la Banque d’Angleterre ou encore de la Banque d’Australie, sans parler de la Réserve Fédérale dont certains membres se montrent ouvertement plus favorables au resserrement.
Or la BCE, comme bientôt ses consœurs d’Outre-Manche et d’Outre Atlantique, peine à porter un diagnostic assuré sur l’évolution récente de l’activité et des prix. A court terme, la flambée des prix mondiaux de l’énergie et des matières premières dépend de deux facteurs principaux : l’activité économique et surtout manufacturière en Chine d’une part, la direction et la cohésion des pays producteurs d’autre part.
Article achevé de rédiger le 30/10/2021
Les indicateurs d’activité d’octobre montrent que l’activité manufacturière ralentit en Chine. Aussi ne peut-on totalement écarter le risque de voir certains prêteurs étrangers pris dans la tourmente.
La baisse des importations d’une part (alors que la Chine annonce remettre en service ses productions de charbon), risque de pénuries et craintes de voir les grands consommateurs accélérer le recours à des énergies de substitution, devraient pousser les pays producteurs de pétrole et de gaz à contenir les hausses récentes en proposant d’accroître leurs productions.
La crise de la pandémie de la Covid-19, par sa soudaineté et sa brutalité, a confronté analystes et gouvernants à l’urgence d’évaluer au plus près l’ampleur de l’impact économique de l’arrêt soudain de l’activité économique et des confinements.