Actualités Le Conservateur
La reprise : est-elle au bout du vaccin ?
Publié le 23 décembre 2020
Partager
En Europe, il a bien fallu tempérer nos espoirs à l’approche des fêtes de fin d’année : la pandémie ne connaît ni trêve ni frontière, au point que l’Italie l’Autriche et le Royaume-Uni se sont brutalement infligés de nouvelles mesures de strict confinement, à la veille même des fêtes de Noël. Les rêves de vacances sont ainsi également reportés dans un lointain avenir : après le blocage des départs pour des destinations ensoleillés de la Caraïbe ou de l’Océan Indien, ce sont dorénavant les remontées mécaniques qui se voient fermées dans la plupart des massifs alpins et pyrénéens (ce sera le grand retour de la randonnée et du ski de fond).
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements »
Charles Darwin
Aux États-Unis, l’élection du Président Biden a bien été confirmée – et largement – par le Collège électoral. Le suspens réside maintenant dans l’adoption par le Congrès d’un nouveau plan d’urgence pour le début de l’année. Ce qui est certain, c’est que le démarrage – très médiatisé – de la campagne de vaccinations, Outre-Atlantique et Outre-Manche, fait la une. Pourtant, la course à l’endiguement de la pandémie est loin d’être gagnée : il faudra attendre au moins 6 à 9 mois selon les experts avant qu’une immunité effective pour 60 % de la population soit atteinte du fait des contraintes logistiques liées au déploiement effectif du vaccin et de son manque d’acceptation.
Partout dans le monde, les nouvelles restrictions d’activité, bien que moins sévères qu’en début d’année, vont certainement renforcer la récession.
Le maintien de restrictions administratives entraîne la prolongation de certaines mesures d’aides publiques exceptionnelles – recettes en baisse, dépenses en hausse, les comptes publics en sortiront détériorés. Pour la France, l’horizon de la simple stabilisation de son endettement s’éloigne désormais au-delà de 2022. Une Commission sur l’Avenir des Finances Publiques devra rendre ses conclusions sur les enjeux de moyen terme pour la maîtrise de notre dette publique. La crainte des autorités publiques internationales est d’assurer une transition sans trop d’à-coup, pour l’emploi notamment, entre le soutien public à l’économie et le retour des forces et des arbitrages du marché.
Si l’OCDE, dans sa publication de décembre, confirme son scénario de reprise de l’activité en 2021, elle s’avèrerait moins vigoureuse, plus erratique et disparate qu’initialement envisagé. Un tel scenario fait planer la crainte du creusement marqué des inégalités entre nations, et au sein même des pays – peut-être même au point de provoquer des ruptures. En Asie, l’annonce de la conclusion du Traité dit RCEP[1], regroupant 15 pays de la région Asie- Pacifique, dont la Chine – mais sans l’Inde qui a décidé de rester à l’écart – nous fournit l’occasion de faire le point sur l’activité et les perspectives dans la zone du monde qui devrait, en 2021, contribuer pour plus d’un tiers à la croissance mondiale.
[1] RCEP, Regional Comprehensive Economic Partnership, signé le 15 novembre 2020 entre les 10 pays membres de l’ASEAN, la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
L’année qui s’ouvre reste marquée du sceau de lourdes incertitudes, qui sont comme autant de menaces. La pandémie n’a pas dit son dernier mot, les enjeux de la reprise et l’ampleur des dégâts laissés par la crise sont encore à évaluer. Les tensions commerciales et stratégiques demeurent.
En servant de révélateur à certaines de nos forces comme de nos faiblesses, la crise pandémique s’analyse autant dans ses ruptures que les continuités qu’elle a contribué à mettre en évidence.
Même si nous devions en venir à bout d’ici quelques mois, la reprise qui s’annonce ne sera pas tout à fait un « retour à la normale », si celui-ci signifie le retour à « l’état d’avant ».
Bonnes fêtes de fin d’année.