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A bas les masques ?

Publié le 08 juillet 2021

Auteur

Valérie Plagnol

Économiste, ancienne membre du Haut Conseil des Finances Publiques

Avec quelques semaines d’avance, la France a levé le port obligatoire du masque en extérieur et mis fin au couvre-feu. L’accélération de la vaccination, la chute des contaminations et des hospitalisations, ont permis ces décisions. Grâce à ces mesures de masse, l’activité économique se normalise, ce que signale désormais la présence de publics – bien qu’encore clairsemés – dans les stades de la Coupe d’Europe de football.

Cependant, ces succès restent précaires au regard de l’arrivée de nouveaux variants. La question des méthodes pour contenir la pandémie, de l’accès aux vaccins, mais aussi de leur efficacité, reste donc toujours d’actualité.

Comme le montrent les graphiques ci-après, après Israël, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, l’Allemagne, la France et l’Italie ont nettement accéléré le rythme des vaccinations.

En France, au 27 juin, 30 % de la population est désormais totalement vaccinée (plus de 50 % des Français ont reçu une première dose, 61 % des Européens au 1er juillet).


En même temps, après l’Inde, le variant Delta se répand dans de nombreux pays et son taux de reproduction semble assez élevé.

Ainsi, comme le montre ce graphique, le Royaume-Uni connaît une nouvelle vague de contaminations avec un taux de reproduction à 1,33.

Cependant, l’Agence Européenne du Médicament annonce que les vaccins (en deux doses) s’avèrent efficaces contre les formes sévères de la contamination. Alors que l’Union Européenne annonce l’accélération de la production des vaccins, le déploiement de la distribution de ceux-ci à travers le programme Covax progresse également, mais confère un taux d’immunisation encore très faible dans la plupart des pays concernés.


Aux Etats-Unis, en Europe, au Japon et en Australie la question de l’accès aux vaccins ne se pose pas ; ainsi, les différences dans la proportion de personnes ayant déjà été inoculées tiennent plus aux choix des politiques menées, et dans certains cas aux réticences de la population :

L’incertitude demeure néanmoins quant à la rentrée de septembre, et au risque pour les gouvernants de devoir recourir à de nouvelles restrictions de mobilité en cas d’augmentation des hospitalisations.

Plus inquiétant encore, la propagation du variant Delta (Indien), pourrait à nouveau affecter les populations les moins vaccinées ou immunisées. L’alerte vient de pays tels que l’Afrique du Sud, l’Indonésie, la Malaisie ou encore le Brésil et la Colombie. La Russie connaît également un taux d’infections en forte progression (pour un taux de vaccination complète de seulement 12 % environ).

Sur le plan économique, la dynamique du printemps pourrait donc se trouver entravée, alors que certaines régions du monde doivent à nouveau restreindre leur activité, et que, plus généralement, les déplacements transfrontaliers et intercontinentaux des personnes physiques sont encore limités.

Les restrictions de vols aériens restent encore importantes, notamment en Asie-Pacifique.

En avril 2021, le trafic international est encore en repli de 87,3% par rapport au même mois en 2019, le trafic domestique recule encore de 25,7% sur cette période, tandis que le rythme des réservations progresse encore modérément au printemps, et plus clairement en faveur des vols domestiques que des vols internationaux (graphique ci-dessus).


Ainsi, et sans surprise, la reprise de l’activité et la confiance des acteurs économiques restent suspendues à l’évolution des contaminations, tant qu’une large partie du monde ne sera pas immunisée.

Comme nous l’avons déjà observé précédemment, le rebond de l’activité est particulièrement marqué en Europe et aux Etats-Unis sous l’effet combiné de la sortie des confinements et de l’ampleur de la demande finale, soutenue par les aides publiques. En Europe, l’indice de confiance et d’activité Eurostat de juin est au plus haut depuis 21 ans. Il est en à peu près de même pour l’indice de confiance des industriels américains.

Les ménages européens et américains ont également retrouvé le moral. Le rebond est particulièrement spectaculaire en zone euro, où le sentiment général est revenu sur ses plus hauts de 2017 (au-delà même du niveau de 2019).

Dans ce contexte, les indices boursiers des deux régions ont continué de progresser. Comme le montre le graphique ci-dessous, l’indice S&P 500 américain a atteint de nouveaux sommets. Depuis le début de l’année, la bourse de New York (S&P 500) progresse de +14,4 %, le Nasdaq affiche +12,6 % ; en Europe le CAC 40 est en hausse de 18,8 %[1].

[1] Progressions au 29 juin 2021 ; en devise locale, source Bloomberg.

En revanche, la hausse récente des taux d’intérêt à long terme s’est interrompue, le taux 10 ans du bon du Trésor américain, revenant sous le seuil de 1,50 %. Les rendements européens à long terme, marquent également le pas.

De même, l’euro se replie face au dollar dans un contexte marqué à la fois par le regain d’inquiétudes face à pandémie et par le léger décalage de discours entre les Banques centrales américaine et européenne au regard de l’évolution de l’inflation dans les deux zones économiques.


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