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L’économie-minute ou l’intérêt et les risques de statistiques instantanées

Publié le 08 novembre 2021

Auteur

Valérie Plagnol

Économiste, ancienne membre du Haut Conseil des Finances Publiques

La crise de la pandémie de la Covid-19, par sa soudaineté et sa brutalité, a confronté analystes et gouvernants à l’urgence d’évaluer au plus près l’ampleur de l’impact économique de l’arrêt soudain de l’activité économique et des confinements.

Aussi ont-ils eu recours aux données instantanées produites désormais en quantités telles qu’on n’en avait jamais connu auparavant.

Ce fut donc le cas cette fois-ci, et on a pu mesurer la rapidité et la pertinence des actions publiques dans de nombreux pays.

Ainsi a-t-on eu le sentiment, pour la première fois dans le domaine économique, qu’analystes et décideurs pouvaient prendre en compte des données en « temps réel » suffisamment pertinentes pour interpréter et intervenir « à coup sûr », ou presque…

Cette « économie-minute », aux analyses et aux réactions instantanées, aussi utile se soit-elle avérée, n’en comporte pas moins quelques risques, sinon de sérieuses lacunes. En effet, comme nous l’a montré la suite des événements, le rebond soudain de l’activité et ses conséquences n’ont pas été anticipés.

La question économique se nourrit autant de théorie que d’expérimentations. De même, comment interpréter la baisse de la production automobile ? Est-ce un ralentissement de la demande, ou en réalité, le manque de pièces détachées ?

Enfin, et peut-être surtout, les décideurs politiques doivent-ils se contenter – ou se cantonner – à une politique de réactivité et fatalement de très court terme ? Au moment même où s’engagent des enjeux de plus longue haleine en faveur du changement climatique, ne faudrait-il pas au contraire élaborer des politiques tenant compte de ces objectifs, incluant les moyens pour y parvenir, quelles que soient les aléas conjoncturels immédiats ?

L’économie à la minute ne saurait se substituer ni à l’analyse théorique, ni aux politiques de plus long terme.

Article achevé de rédiger le 30/10/2021


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    La baisse des importations d’une part (alors que la Chine annonce remettre en service ses productions de charbon), risque de pénuries et craintes de voir les grands consommateurs accélérer le recours à des énergies de substitution, devraient pousser les pays producteurs de pétrole et de gaz à contenir les hausses récentes en proposant d’accroître leurs productions. 

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